Conclusion de la Journée

Je me permets de construire la conclusion de cette journée autour de la question suivante : avons-nous réussi à vous convaincre de prendre tous ensemble ce virage pour notre profession ? Aujourd’hui encore, je repars de cette journée avec le sentiment une fois de plus renforcé de la place incontournable du pharmacien d’officine dans le parcours de soins et de vie du patient.

Christophe Wilcke

Ce sentiment, je le dois en grande partie à vous, vous qui avez participé à nos expérimentations et qui avez démontré notre rôle pour la santé publique.
Quelques exemples : si le comité scientifique du projet campagne de dépistage du diabète vous a proposé un mode de repérage du patient différent d’autres que l’on peut trouver dans la littérature, vous avez su prouver que notre choix donnait des taux de résultats de glycémie anormale supérieur, montrant que la cible visée était la bonne. Merci aux confrères marnais, meusiens, haut-rhinois et vosgiens qui s’investiront dans quelques mois pour la seconde campagne.
Nous vous avons présenté la suite du projet FACE avec l’accompagnement thérapeutique du patient en primo prescription de chimiothérapie orale. Sachez que la quasi-totalité des professionnels de santé formés à FACE sont des pharmaciens.
Egalement, le projet présenté ce jour montre, ce qui à mon sens, doit être le symbole de la coordination ville-hôpital-ville, je veux citer la relation entre le pharmacien hospitalier et le pharmacien d’officine. Merci à nos confrères hospitaliers de nous avoir ouvert le champ de la clinique. Je reviens deux secondes sur la notion de ville-hôpital-ville. Ce n’est pas que je radote ou que je veux voir deux fois le mot ville, mais c’est bien le parcours naturel du patient hormis la naissance ou le décès. Je milite donc pour faire ancrer cette notion.
Le titre de cette journée était nos nouvelles missions dans le parcours patient, alors exerçons nous à un petit jeu en nommant chaque mission avec le mot parcours. Voici ce que cela donnerait :
Repérer et orienter : repérage des périodes de transition du parcours de vie.
Dépister des pathologies chroniques : parcours d’entrée dans la maladie diabétique 
Médisis : parcours d’accompagnement du patient hospitalisé et de son retour à domicile
Suivre et sécuriser le patient cancéreux : parcours d’accompagnement à la primo-prescription de chimiothérapie orale
Observer le médicament en vie réelle : parcours de suivi d’un traitement. Sur ce point, cela fera l’objet d’une action du CPOM avec l’ARS que nous mettrons en œuvre prochainement.
Après tous ces exemples, je m’oserai, et comme promis ce matin, à une réflexion personnelle sur le décret « missions ». Doit-on se contenter d’un décret à minima qui ne fait que reprendre ce qui existe conventionnellement ou par
arrêté ou doit-on se risquer à un texte très détaillé reprenant l’ensemble des actions du pharmacien. Le premier a l’avantage de ne rien oublier en étant vague, le second trop détaillé induit le risque d’oubli. Doit-il ou non proposer un modèle économique ? Depuis dix ans, je milite pour une classification d’actes côtés à l’aide d’une lettre clé P, à décliner selon l’acte (PDA, entretien, dépistage…), mais on se rend bien compte que cela n’est pas en six mois que l’on construit un texte. En tout état de cause, tous mes remerciements à l’ARS qui croit en notre profession et qui nous donne les moyens de démontrer notre excellence.
Vous voyez ainsi toute notre place dans le système de soins et je dis à mes confrères médecins : n’ayez pas peur, nous sommes présents pour vous faire gagner du temps médical en vous facilitant la démarche diagnostique et en vous aidant par des retours d’informations pour vous permettre l’optimisation de votre stratégie thérapeutique.
Pour aller encore plus loin, nous allons vous solliciter très prochainement pour deux sondages par mail afin de nous permettre de constituer des bases de données sur la pratique officinale pour mieux argumenter nos demandes notamment vis-à-vis de l’agence régionale de santé.
Tout ceci doit concourir à ce que l’on utilise au mieux et au maximum les innombrables connaissances du pharmacien d’officine.
Egalement, je pense que vous avez compris l’énergie que dépense l’URPS à vous donner des outils pour vous faciliter au quotidien votre exercice personnel et professionnel. Pharmareco en est un exemple qui doit vous permettre de vous sentir plus à l’aise vis-à-vis de prescriptions qui interrogent ou au comptoir face à des demandes spontanées de patients. Merci à Pierre Fabre pour son aide pour le financement du site. Vous avez également trouvé dans vos livrets d’accueil deux documents offerts par l’URPS, à savoir le guide du bon usage du médicament en gériatrie contenant notamment la liste des médicaments inappropriés chez la personne âgée ainsi que des recommandations sur l’usage des antibiotiques et le guide PAPA, guide des prescriptions appropriées chez la personne âgée. Ces deux documents pourront notamment vous aider dans la mise en place dans vos officines du bilan partagé de médication, ainsi que pour
ceux qui travaillent avec des EHPAD.
Quelques mots sur les 54 priorités du plan « ma santé 2022 » présenté mardi par notre Président de la République. Je ne vous déclinerai pas les 54 priorités, mais j’en ai retenu 3 : la première de toutes, dans l’item « mettre la qualité au cœur du système de santé » qui est l’élaboration de guides/référentiels de parcours, répondant à l’exigence de pertinence co-construits et validés par les professionnels de santé. Cela correspond parfaitement au travail de Pharmareco qui sera la vitrine d’une des actions du CPOM dans laquelle nous construisons
avec l’ARS et nos partenaires des outils d’aide. Seconde priorité, la première de l’item « créer un collectif de soins au service des patients » : déploiement de 1000 CPTS pour mailler le territoire national à l’horizon 2022. Une stratégie nationale de déploiement sera arrêtée d’ici fin 2018 et une négociation conventionnelle sera engagée dès 2019 pour donner un cadre pérenne de financement aux CPTS. Nous pharmaciens, nous devons être moteurs dans la création de ces structures. Nous ne devons pas les craindre comme cela peut être le cas pour des structures de type MSP mal positionnées. L’URPS participe au comité régional de déploiement qui s’est réuni au printemps et dont la prochaine réunion aura lieu fin octobre. Parmi les territoires, j’ai dans l’idée deux e ceux-ci sur lesquels des projets portés par les pharmaciens pourraient être déclencheurs de CPTS. Enfin, dernière priorité : élargir dès 2019 les principes de l’article 51 de la LFSS pour 2018 pour permettre l’émergence d’organisations innovantes des activités de soins. Encore une fois, notre URPS a été la seule à faire des propositions à l’ARS au printemps.
Avant de vous souhaiter une bonne rentrée, je tenais au nom des intervenants et du comité scientifique d’organisation de cette journée à vous remercier pour votre participation. Un questionnaire de satisfaction est disponible par flash code à la sortie de la salle, ou sinon vous le recevrez par mail dans les prochains jours. J’espère vous retrouver l’année prochaine pour une troisième édition de la journée URPS Pharmaciens Grand Est Agora. Bon retour à toutes et tous.